La passion détruite se transforme en passion de détruire. [En cours]

Nom : Senesca
Prénom(s) :  Ferenc
Surnom(s) :  Darth Vemeris
Age : 65 ans
Race :  Humain
Monde d'origine : Ziost

Côté de la Force : Obscur
Faction : Ordre Sith
Rang désiré : Rang IV - Grand-Inquisiteur

Pouvoirs de Rang I :
- Maîtrise Télékinésique
- Persuasion de Force
- Communication Télépathique niveau I
- Concentration niveau I
- Amélioration des Sens
- Renforcement des Capacités

Pouvoirs de Rang II :
- Communication Télépathique niveau II
- Illusion de Force
- Concentration niveau II
- Voile de Force
- Se Nourrir du Côté Obscur
- Étranglement de Force

Pouvoirs de Rang III :
- Concentration niveau III
- Contrôle de l'Esprit
- Éclairs de Force

Pouvoirs de Rang IV :
- Restructuration Mentale
- Tempête de Force



Puissant dans la Force - Ferenc a toujours ressenti un lien fort avec la Force, et sa jeunesse a été marquée par les effets destructeurs de passions non contrôlées. Il excelle dans le maniement de ses pouvoirs ce qui a fait de lui et cela très tôt un des acolytes les plus doués de l'Académie de Korriban lorsqu'il était encore un apprenant. Son apprentissage a été marqué par de nombreux accidents dû à cette puissance dans la Force, mais maintenant que Ferenc est parvenu à un âge assez avancé, sa maîtrise de la Force à fait de lui un être particulièrement puissant en ce qui concerne le lien avec le Côté Obscur.

Individu Charismatique - Sa fonction d'Inquisiteur puis de Grand-Inquisiteur l'a forcé à savoir convaincre, persuader ses cibles ou ses alliés de coopérer. L'Inquisition Sith requiert de ses membres qu'ils se donnent une image terrifiante afin de briser le moral de certains ennemis ou de retirer des informations capitales à des cibles apeurées. Ce charisme sert aussi Senesca a avoir une influence importante dans la politique Sith et surtout lui a servi à se faire une place parmi ses pairs. Nul doute que c'est l'une de ses armes les plus importantes.

Habileté Politique - Ferenc Senesca est un comploteur. Sa vie est tournée vers la recherche d'un plus grand pouvoir, comme beaucoup de Sith. Il apprit à manipuler les sentiments, à ne jamais s'attacher ni compter sur personne, à comprendre les dynamiques et les enjeux d'un système politique. Il n'est donc pas question d'intelligence au sens propre du terme mais d'une certaine finesse dans les choses de l'Etat.

Fermeture d'esprit chronique - Ce qui intéresse le Grand-Inquisiteur ne touche guère qu'au Côté Obscur et à la pérennisation de l'Ordre Sith. Son esprit calculateur est incapable de comprendre les motivations d'un tiers et sa vision du monde est déformée par sa frénésie. Il n'y a aucune chance qu'il parvienne un jour à comprendre son ennemi, et il se trouvera ainsi en position de faiblesse face à un adversaire qui comprend, lui, les subtilités des différentes cultures et surtout qui le comprendra lui. L'intelligence de Senesca n'est dirigée que vers lui-même et l'Ordre ce qui fait de lui un être replié et faible face à des enjeux trop complexes ne touchant pas à son domaine.

Forme Physique Exécrable - Le moins que l'on puisse dire est que Ferenc Senesca n'est pas un athlète. Pas de muscles saillants, une force physique qui en ferait rire plus d'un s'il n'était pas un manipulateur de la Force. En fait, le Grand-Inquisiteur est plutôt maigre, le visage émacié lui conférant une impression de faiblesse physique qui n'est pas qu'une impression. Pour ne rien arranger, le grand âge de Ferenc lui a fait perdre ce qu'il avait de souplesse physique. Ses capacités de défense ne reposent plus désormais que sur la Force.

Bretteur ridicule - Les années passées par Senesca à l'Académie ont été très peu tournées vers le maniement du sabre pour les raisons que l'on devine. Finalement, notre homme n'a pas du tout développé d'attrait pour l'élégance du bretteur et s'est tourné seulement vers la maîtrise de la Force. C'est donc à peine si Ferenc si activé un sabre laser. Il en porte toujours un sur lui, purement pour la forme, mais se servira bien plus volontiers de ses pouvoirs. Pour compenser sa faiblesse au corps-à-corps, le Grand Inquisiteur se fait toujours accompagner d'Inquisiteurs bons bretteurs afin de le défendre en cas d'extrême urgence.

5355 A.B.Y, Korriban

Des vents violents chargés de sable fouettaient les corps affaiblis des Acolytes. Couvrant les hurlements du vent, les menaces de l'instructeur déstabilisaient les acolytes d'une manière bien plus importante que les conditions climatiques insupportables. Ils étaient huit, huit petites choses luttant contre les éléments dans la Vallée de Golg. C'était la plus étendue de la planète après celle des Seigneurs Noirs, et le Roi Sith Dathka Graush l'avait même choisie pour y faire construire sa dernière demeure. On sentait dans l'air, en plus du vent qui déchirait la peau, une présence obscure presque insoutenable qui pesait sur l'âme. Ces huit Acolytes là n'avaient que dix ans, et déjà ils souffraient plus qu'ils n'avaient jamais souffert dans leur vie. Bientôt, la souffrance ferait partie intégrante de leur vie. Ici, leur corps ne valait pas plus qu'un fétu de paille pouvant être emporté à la première bourrasque et leur esprit était enferré dans la terreur de l'instructeur et de cette menace invisible qui planait dans la vallée. Certains ne faisaient que subir, ils pleuraient et résistaient alors que leurs larmes séchaient immédiatement sous l'action du vent. D'autres, portés par une détermination à toute épreuve, gardaient le visage fermé et semblaient comme des rochers sur la grève contre lesquelles s'écrasaient d'énormes vagues. Hier, un Acolyte de leur groupe avait trouvé la mort dans la Vallée des Seigneurs Noirs. Il avait été trouvé gisant sur le sol, le corps secoué de spasmes, une étrange écume blanche sortant de sa bouche. Tous avaient alors bien compris qu'il ne s'agissait pas de réussir la formation pour devenir Sith, il s'agissait d'y survivre. Certains étaient terrorisés par cette idée, d'autres y avaient trouvé une émulsion particulière. Ceux-là seraient des Sith.
Il était un jeune garçon parmi ce groupe qui ne pleurait pas, mais qui ne restait pas impassible non plus. Celui-ci souriait. Il sentait pourtant la douleur pénétrer sa chair jusqu'au plus profond de lui, il avait envie de hurler de douleur. Et pourtant quelque chose le rendait profondément heureux et serein. Il craignait l'instructeur et sa voix qui tailladait telle une vibro-lame. Mais ce que les autres ressentaient comme une présence obscure dangereuse planant sur eux, ici, dans cette vallée, n'atteignait pas Ferenc Senesca. En vérité, elle l'atteignait que trop bien, mais lui ne ressentait pas cette peur de l'ombre tapie, invisible. Lui ressentait un profond plaisir en sentant ce pouvoir s'insinuer en lui. Il n'avait pas de prise sur lui, il ne contrôlait rien. Il se sentait simplement le catalyseur d'une puissance supérieure qui le dépassait. Ce flux obscur en lui ne lui enlevait rien de la douleur qu'il ressentait, mais il lui permettait de tenir face à ce qui se déchaînait contre lui. Plus il sentait sa résistance augmenter, et plus il souriait. Il sentait près de lui la présence des autres Acolytes, oppressés par ce pouvoir qui ne se révélait pas à eux. Ferenc conçu d'abord une certaine pitié pour ses faibles camarades, mais alors il sentit la présence qui agit sur son âme, comme si elle se révoltait contre cette pensée. Le jeune garçon sentait l'ombre s"étendre en lui, et la pitié disparut. Il jeta un regard à son voisin le plus proche, un de ces rares impassibles. Et pourtant, il ressenti un mépris inhabituel pour ce camarade qui ne pouvait ressentir cette puissance obscure. Il avait envie de lui faire payer son manque de sensibilité, de le détruire. A la place, il éclata en un rire nerveux, presque inquiétant. Le visage glacial de l'instructeur se posa sur lui.

Il sentit son corps projeté en arrière. Le vent le fit rouler encore sur cinquante mètres avant qu'il ne s'arrête complètement. Une immense douleur se fit sentir au niveau de son thorax, signe que la puissance de l'attaque devait lui avoir brisé quelques côtes. Du coin de l’œil, il vit l'instructeur s'approcher de lui alors que les autres Acolytes étaient toujours en position, tenant sur une jambe dans un équilibre relatif. Ferenc sentit cette puissance obscure s'agiter en lui, le possédant. Il n'était presque plus libre de ses mouvements, mais il sentait une colère puissante à l'encontre de cet adversaire qui l'avait blessé gravement. Presque inconsciemment, il déploya dans son esprit des liens qui l'attachèrent à cette présence obscure qui l'habitait. Un pouvoir incommensurable et incontrôlable l'habitait. Le visage de l'instructeur se figea et une crispation de douleur passa sur ses traits. Violemment, son corps s'éleva dans les airs et Ferenc entendit distinctement des bruits de craquements d'os. Cette présence obscure le brisait. Le jeune garçon ne s'était même pas rendu compte que son bras s'était levé en direction de la silhouette effrayante de l'instructeur. Les gestes étaient siens, mais il sentait une force surnaturelle qui l'habitait. Son bras se leva et presque inconsciemment, il projeta toute sans haine vers celui qui l'avait provoqué. L'instructeur, surpris de ce qui arrivait, fut repoussée de quelques mètres mais parvint à rester droit sur ses jambes. Les autres acolytes s'étaient arrêtés et observaient la confrontation. L'instructeur semblait tiraillé entre une envie profonde de faire payer son impudence au garçon et quelque chose d'autre.
Il finit par s'approcher de Ferenc, petit corps recroquevillé sur le sable, secoué de spasmes après ce qu'il venait de produire grâce à la Force. La destinée du jeune garçon s'était formée là, dans le désert de la Vallée de Golg, et elle avait été décidée par un instructeur de l'Académie. Alors que l'Acolyte sentait la faiblesse de son corps après cet effort ultime qu'il avait produit quelques minutes plus tôt, il entendit la voix de l'instructeur au-dessus de lui, où son ton plein de colère tranchait avec le sens même de ses mots.

- Tu es pardonné pour aujourd'hui, Acolyte. Mais crois-moi : quels que puissent être tes dons, ta formation sera longue et sans répit.


5348 A.B.Y., Korriban

Ses longs doigts fins effleuraient les froids murs de pierre de l'immense hall du tombeau. Il n'avait jamais vu telle majesté, excepté dans le tombeau d'Ajunta Pall. Celui-ci, il l'avait découvert lui-même. Ou plutôt, quelque chose en lui l'avait aidé à le découvrir. Après quelques heures de recherche dans une région déserte de la Vallée des Seigneurs Noirs, il avait finalement trouvé l'entrée enfouie dans le sable. A la vue du petit escalier qui descendait dans les profondeurs, il avait d'abord cru à une sépulture mineure d'un Sith inconnu. Mais plus il progressait dans l'obscurité, plus il pensait avoir trouvé là quelque chose de plus grand. L'immense hall aux colonnes de plusieurs dizaines de mètres de haut avait fini de le convaincre de l'importance du personnage qui avait été inhumé ici. Les colonnes et les murs étaient parcourues de nervures et d'arabesques plus foncées que la pierre brune, donnant à cette pièce l'aspect d'un immense cœur palpitant au rythme du Côté Obscur. Certains murs portaient même d'anciens bas-reliefs, certains très abîmés par le temps mais où l'on pouvait reconnaître certaines scènes. Par exemple, Ferenc avait pu observer une paroi représentant un humanoïde à la peau rouge et au développement osseux particulier. Il devait sûrement s'agir d'un Sith de l'antique race qui peuplait Korriban avant l'arrivée des Exilés. Il était agenouillé face à un homme, blanc celui-là, portant un talisman à la forme très particulière et ce qui semblait être un sabre-laser. Ferenc avait supposé qu'il s'agissait d'un des Exilés. Mais il était pour l'instant impossible de déduire aucune hypothèse sur l'identité du possesseur du tombeau. Tous les Seigneurs Noirs avaient intégré la légende-réalité des Exilés et l'on trouvait rarement un tombeau ne portant pas de référence à la naissance de l'Ordre Sith.
Le jeune Apprenti voulait embrasser la totalité de la structure du regard. Ses moments d'évasion étaient trop rares pour qu'il n'en profite pas pleinement. Après son... accident lors de sa formation, il avait échappé à une punition des plus sévères. A l"époque, il n'avait pas su pourquoi, mais désormais, il savait qu'il avait témoigné ce jour-là d'une certaine affinité avec la Force qui avait intéressé les instructeurs. On l'avait donc confié à un Maître, Darth Isteis, réputé pour sa grande maîtrise de la Force et sa connaissance de l'esprit Sith. Ferenc avait quitté Korriban aux côtés de son Maître pour rejoindre Ziost, capitale de l'Ordre Sith. Cela faisait sept ans qu'il renforçait son lien avec le Côté Obscur et qu'il apprenait à maîtriser les pouvoirs des Sith. Mais il n'était pas heureux, là-bas. Il ne voyait ces années passées avec Darth Isteis que comme une pure nécessité. Dès qu'il avait une journée de libre, il prenait la navette pour Korriban et arpentait les sables de la Vallée des Seigneurs Noirs ou ceux de la Vallée de Golg. Il ne se sentait vivant qu'ici, et son Maître le savait. Il n'était pas rare qu'il le libère pour quelques temps.

Dans ce tombeau, Ferenc sentait cette puissance obscure qu'il avait senti il y a si longtemps. Bien sûr, il la ressentait partout sur la planète, mais les vallées funéraires de Korriban portaient une aura particulière. Ces pièces souterraines étaient la dernière demeure de nombreux puissants Sith, et réussir à pénétrer dans ces lieux chargés de puissance obscure était un privilège. Même sans connaître l'identité du Sith dont il contemplait le tombeau, le jeune Apprenti sentait qu'il y avait une présence ici. On lui avait parlé de ces histoires de fantômes de Seigneurs Noirs qui s'éveillaient pour se venger des vivants ou pour promulguer des conseils aux Sith qui parvenaient à avoir leur confiance. Senesca n'avait toujours eu qu'une seule envie : rencontrer l'un de ses antiques personnages, pouvoir accéder à une connaissance supérieure dont personne d'autre ne pourrait même imaginer la teneur. Durant sept ans, il était venu sur Korriban afin de voir l'un de ces spectres et de peut-être pouvoir lui parler. En fait, il avait même fini par négliger son entraînement physique et le développement de ses capacités au corps-à-corps pour se tourner vers une sorte d'archéologie mystique. Il s'oubliait lui-même en voulant trouver quelque chose de plus.
Il marchait dans un étroit couloir. Au bout de quelques minutes, il arriva dans une petite pièce. Au milieu de cette pièce, un sarcophage de pierre qui représentait le corps qui devait se trouver à l'intérieur. Le gisant représentait un vieil homme à la longue barbe, au visage émacié et aux yeux enfoncés dans leur orbite. Sur la poitrine du mort, le même talisman que sur la gravure reposait ainsi qu'une poignée de sabre-laser. Aux pieds du gisant, un autel qui semblait devoir recueillir un petit objet, peut-être une arme, ou une coupe. Mais à l'instant où Ferenc toucha le sarcophage, il fut pris d'une douleur insupportable dans tout son corps et poussa un hurlement. Il s'effondra sur ses genoux et une voix résonna dans sa tête, grave et méprisante.

- Tu cherches, mais tu ne trouveras pas. Qu'as-tu accompli ? Tu n'es rien, et tu ne mérites rien.

La douleur fit plonger le jeune Apprenti dans un profond coma alors qu'il se sentait comme banni du tombeau.


5343 A.B.Y., Taskeed

Les planètes situées dans l'Espace Hutt n'avait en général rien de particulièrement affriolant. Sur certaines, l'informalité avait développé une criminalité massive et une pauvreté endémique, sur d'autres le développement dérégulé des industries polluantes avait complètement détruit les écosystèmes qui avaient pu s'y trouver auparavant. Bien sûr, on pouvait retrouver ces problèmes dans les territoires de factions plus organisées sur le plan politique, mais tout cela s'érigeait en vérité générale chez les Hutts, et Taskeed ne dérogeait pas à la règle. La région la plus peuplée disposait certes d'une ville où habitait la plupart des individus aisés du système et des dirigeants des Cartels, mais la majorité de la population habitait les faubourgs de la capitale où les habitats insalubres s'étendaient à perte de vue. Lorsque le vaisseau de Ferenc entra dans l'atmosphère, l'Apprenti eu presque un mouvement de pitié pour ces populations souffrant de toutes les misères imaginables. Mais son esprit se reconcentra rapidement sur la tâche qui lui avait été confiée.
Darth Isteis lui avait confié un vaisseau civil des plus banals afin qu'il passa inaperçu sur la planète. Il était vieux et défraîchi et collerai donc bien avec le reste de l'environnement. Une voix nasillarde et apparemment alcoolisée autorisa Ferenc à se poser sur le petit spatioport de la capitale. Après avoir programmé le pilote automatique pour la manœuvre, il se dirigea vers l'arrière du vaisseau et se vêtit d'un tissu quelque peu défraîchi pour masquer son sabre-laser et se disposa à rester tête nue. Un visage caché était toujours plus prudent mais attirait aussi bien plus l'attention des autorités ou de quiconque. Et de toute façon, Senesca n'aimait pas se dissimuler. Par malheur, sa mission requérait absolument un maximum de discrétion et constituait un véritable test pour l'Apprenti. Sa patience allait être mise à l'épreuve tout autant que ses capacités d'adaptation.

Une crise majeure avait secoué l'Ordre Sith deux jours auparavant. Un petit groupe d'Apprentis, révoltés par les méthodes de l'Ordre pour former ses Acolytes, avaient désertés Ziost vers l'Espace Hutt. Ce genre d'évènements était extrêmement rare, l'Inquisition parvenant habituellement à s'occuper des éléments qui présentaient un esprit de révolte manifeste ou soupçonné. Ferenc n'arrivait même pas à concevoir comment des Sith pouvaient remettre en cause l'enseignement Sith. Quoi qu'il en soit, ce groupe représentait un réel danger pour la sécurité de l'Ordre s'ils informaient quiconque de l'émergence nouvelle des Sith. L'Inquisition avait été immédiatement mise sur l'affaire. Mais Darth Isteis avait décidé d'envoyer Ferenc enquêter lui aussi et retrouver ces Apprentis. Le jeune humain n'était pas idiot, il savait que son Maître suivait un double objectif : rapporter à lui le succès de l'opération et par la même occasion tester son Apprenti. S'il échouait, nul ne le saurait car la mission était secrète. S'il réussissait, les bénéfices seraient au rendez-vous. Cependant il avait donné un avantage considérable à Ferenc : l'information de la fuite des rebelles avant l'Inquisition. Le jeune homme avait donc pu pénétrer dans les chambres des fuyards, recueillir leurs documents personnels et partir en toute discrétion.
Les documents avaient été cryptés, mais un Apprenti Sith n'est pas un assez bon expert informatique pour échapper aux droïdes analystes de l'Ordre Sith. Le trésor de leurs documents s'était donc révélé à Ferenc, leur destination : Taskeed.

L'Apprenti descendit du vaisseau, cherchant à saisir du regard tous les détails qui se trouvaient autour de lui. La foule était importante dans ce spatioport. Les spatioports étaient tous plus ou moins les mêmes sur ces petites planètes reculées : on y trouvait une grande diversité ethnique ainsi qu'une sécurité plus importante que sur le reste du territoire. A la sortie du spatioport, des agents de sécurité Gamoréens du Cartel passèrent rapidement le détecteur de métaux sur le corps de Ferenc. Il avait eu la présence d'esprit de poser rapidement un brouilleur sur la poignée de son sabre afin d'éviter des complications inutiles. Le spatioport débouchait non sur la ville mais sur les faubourgs, où un immense marché se tenait. Il pensa tout de suite que c'était le meilleur endroit pour trouver ce qu'il était venu chercher.
En se plaçant sur une petite colline qui surplombait la place, Ferenc s'immergea dans la Force, étendant une toile immatérielle afin de ressentir les vibrations de ses cibles. Si elles étaient ici, il sentirait leur présence. Alors qu'il ne voyait plus autour de lui que des ombres mouvantes et les flux de la Force, il parvint peu à peu à percevoir les êtres dans leur for intérieur. Il sentait chaque cœur battre, chaque respiration. Sans entrer dans l'esprit des gens, il ressentait leur présence et leur lien avec la Force. Ces gens n'étaient que des ombres, ce qui signifiait qu'il n'étaient pas des sensitifs. Un tel travaillait dans les usines chimiques des Hutt et ne venait ici que pour acheter ses bâtons de la mort du mois, un autre tentait tant bien que mal de nourrir sa famille en faisant du vol à l'étalage... Rien qui ne ressembla à  un Apprenti Sith. Mais soudain, Senesca fut frappé par la netteté d'une image. Un jeune homme portant une caisse de ce qui semblait être des produits alimentaires. Lui n'était pas une ombre, son visage était clairement visible dans la Force, ainsi que son lien avec elle. Une obscurité faiblarde émanait de lui. Le jeune Apprenti avait trouvé ses cibles. Il le vit charger la caisse sur un Speeder, l'enfourcher et partir à pleine vitesse dans la toundra. Ferenc bondit de sa colline, trouva rapidement lui aussi un speeder apparemment mal protégé par son propriétaire et suivit aussi discrètement qu'il le pouvait le rebelle.

Ils arrivèrent rapidement devant une anfractuosité dans une falaise solitaire qui marquait sûrement l'entrée d'une grotte. Mais Senesca avait manqué de jugeote. Au moment où il approchait de l'entrée, il vit sa cible se retourner furtivement et accélérer davantage pour parvenir à la grotte. Il n'était plus question de procéder discrètement. Pire : si la caverne avait une deuxième sortie, les Apprentis auraient une chance de s'échapper. Alors qu'il vit le rebelle descendre de son véhicule et se précipiter dans le refuge, Ferenc sauta de son speeder pour partir à sa poursuite. Il s'engouffra dans la gueule du loup. Il entendit alors une voix dans le fond de la caverne.

- Que nous veux-tu ? Nous sommes en mission pour le Conseil Noir, dit une voix mal assurée.
- Vos mensonges à un autre. Comment avez-vous pu trahir l'Ordre ? Les Maîtres vous faisiez confiance..
- Nous n'avons trahi personne ! Je te dis la pure vérité !

La couardise de ces Apprentis provoqua une profonde rage en Ferenc. Il dégaina son sabre-laser afin de signifier que la discussion était terminée. La lame rougeoya dans l'obscurité, conférant à la scène une dimension presque onirique. Il vit en face de lui s'activer trois sabres, eux-aussi rouge. Le maniement de l'arme serait compliqué dans ces conditions. Ses anciens camarades prirent l'initative de l'attaque en bondissant sur lui. Il esquiva leur attaque d'une roulade en avant puis projeta une gerbe d'éclairs bleutés, qui fut déviée par un sabre. Il lança un coup puissant sur le rebelle du milieu, paré lui aussi mais qui parvint à le déséquilibrer. D'un mouvement de la main, Ferenc projeta son adversaire grâce à la Force. Les lames rouges dansaient, s'entrechoquant l'une contre les autres. L'apprenti de Darth Isteis aurait été submergé si sa maîtrise de la Force n'avait pas été supérieure à celle de ses adversaires. Tout en projetant un éclair vers l'un des rebelles, il parvint à entailler le bras d'un autre. Alors que le combat durait depuis quelques dizaines de secondes, il commençait à sentir que le combat tournait en son désavantage. Il ne pouvait affronter ces trois adversaires en même temps, et son Maître le savait en l'envoyant ici. Il allait devoir user de stratégie. Il avait remarqué que l'un des Apprentis, sûrement le plus âgé des trois, était bien plus rapide et agile que les deux autres. Sans pouvoir voir ce qui se trouvait au fond de la grotte, Ferenc se désengagea du combat et s'élança plus en avant dans la grotte. Ses adversaires avaient compris que leur nombre était leur force, et ils le poursuivirent tous trois.
Le couloir naturel formé par la roche se resserrait peu à peu. Bientôt, les trois Apprentis ne pourraient plus combattre de front. Au bout de quelques minutes de course, Senesca se retourna d'un seul coup et tenta de capter toute la haine et la colère qui s'échappait de ces Apprentis rebelles. Il sentit son affinité avec la Force se renforcer. Mais tout concentré qu'il était sur son lien avec la Force, il ne vit pas venir le premier Apprenti, qui l'engagea seul du fait de l'étroitesse du couloir. Alors que le Sith émergeait à peine de sa concentration dans la Force, il se sentit projeté contre la paroi de la grotte. Une douleur lui lança le dos, sûrement provoquée par une pierre particulièrement tranchante. Malgré le sang qui ruisselait dans son dos, Ferenc se reprit et tenta de saisir son adversaire par un Etranglement de Force, que celui-ci esquiva difficilement dans cet espace étroit. A nouveau, les lames entrechoquèrent. Grâce aux sentiments négatifs de ses adversaires, Senesca parvint à lancer une puissante projection de Force sous la garde de son adversaire qui le repoussa sur ses camarades. Un autre Apprenti se lança dans le combat : l'endurance de Ferenc serait mise à rude épreuve.

Celui-ci semblait moins habile au sabre que le chef du petit groupe. Même si l'apprenti de Darth Isteis n'était pas un talentueux bretteur, il parvint à résister à ce nouvel adversaire. Il fit un pas en arrière et projeta ses éclairs sur son adversaire, qui dévia l'attaque mais ne put empêcher que sa cape ne prit feu. Déstabilisé, il ne vit pas venir la puissante attaque de son adversaire qui lui sectionna la jambe. En poussant un hurlement, il s'écroula sur le sol, neutralisé. Ferenc s'occuperait de lui plus tard, s'il parvenait à survivre à ce combat. Le troisième Apprenti se lança dans le combat, sûrement pour couvrir le premier en train de se remettre. Celui-ci était bien plus habile au sabre que Ferenc et parvint même à lui entailler l'épaule gauche. Le rebelle projeta Ferenc au sol d'un puissant coup de talon au niveau du plexus. En s'étalant de tout son long, il vit une ombre passer au-dessus de lui, comprenant que le premier apprenti le contournait afin de remédier au désavantage que constituait l'étroitesse du lieu.
Senesca roula afin d'éviter un coup porté pour l'empaler au sol et frappa le sol afin de provoquer une onde de choc suffisante pour lui donner un répit. En effet, ses deux adversaires perdirent en stabilité sans tomber toutefois. Il attaqua d'abord le plus faible des deux par des attaques puissantes de son sabre qui ne rencontrèrent que la lame de son adversaire, sauf la dernière portée rapidement sur le flanc droit de l'adversaire. Celui-ci se recula en poussant un gémissement de douleur ce qui permit à Senesca d'affronter l'autre. Il recula d'un bond afin d'éviter l'attaque du chef de groupe avant de relancer ses éclairs de Force vers la silhouette qui se mouvait dans l'ombre. Elles atteignirent leur but et il enchaîna rapidement sur un Étranglement de Force. Il sentait presque entre ses doigts le cou de son adversaire, qu'il brisa rapidement. Mais pas assez rapidement.
C'était comme si on lui avait déchiré la peau avec une barre de fer chauffée à blanc. En vérité, c'était plus ou moins ce qui venait de se passer. Le coup chargé de l'Apprenti avait atteint le haut du dos de Ferenc, et encore avait-il dû mal préparer son attaque, autrement la tête de Senesca serait depuis longtemps détachée de ses épaules. Il fit une roulade avant pour éviter le prochain coup mais ne put se relever, réduit à néant par la douleur de ses blessures successives. Son regard se porta sur son adversaire qui approchait, arme à la main. Dans un dernier effort, Ferenc reporta toute son énergie sur l'esprit de son adversaire afin de découvrir une faille mentale à exploiter. A travers l'armure psychique de l'Apprenti, il sentit une fragilité. Projetant toute sa puissance vers cette fragilité, il brisa le rempart et fit entrer une illusion. Cette illusion, c'était simplement l'image de Ferenc se relevant. Elle suffit à détourner le regard de l'adversaire et une fraction de seconde plus tard, une lame laser avait transpercé le ventre de l'Apprenti rebelle. Le corps s'effondra tandis que Ferenc se relevait difficilement, haletant et crachant du sang.
Blessé et épuisé, Ferenc activa son commlink.

- Votre volonté est faite, Maître. Je ramènerai les corps... comme... comme vous me l'avez demandé. Leurs ruses étaient pitoy... pitoyables.
- En vérité, mon jeune Apprenti, c'est moi qui les avait envoyé là. Bien sûr, le reste du Conseil était au courant. Tu pardonneras notre mise en scène en sachant que tu es désormais un Guerrier Sith à part entière. Tu n'as plus besoin de moi. Tu te pardonneras en oubliant celui que tu étais et en devenant un être nouveau. Tu seras Darth Vemeris.


5320 A.B.Y., Ithor

Tout dans cette forêt semblait hostile à la présence de Darth Vemeris. La Jungle-Mère était sensée être interdite d'accès à tous ceux qui n'étaient pas l'Oracle des Ithoriens. Pourtant, le Sith avait pénétré les denses frondaisons de ce qui constituait le cœur de la religion des Ithoriens. Il avait pourtant toujours eu un grand respect pour les peuples mystiques tels que celui-là. Mais la mission du Grand-Inquisiteur était supérieure à toute volonté ou toute considération personnelle. C'était la volonté de l'Ordre qu'il s'agissait d'accomplir. Vemeris avait rejoint l'Inquisition dès son accès au grade de Guerrier Sith, il y avait maintenant 23 ans. C'est le corps de l'Ordre qui l'avait attiré le plus, depuis qu'il était un Acolyte sur Korriban. Son puissant lien avec le Côté Obscur et son profond désir de servir avait évidemment joué en faveur de son intégration dans l'Inquisition. Au cours de ces 23 années, il avait gravi les échelons, par mérite certes mais aussi par ruse. La vie de l'Ordre était régi par la politique et les complots. Ceux qui ne possédaient pas la fibre étaient condamnés à rester serviteurs tout leur vie. Ce mode de promotion était évidemment sans pitié mais il poussait aussi les Sith à se renforcer toujours plus afin de mettre en oeuvre leur volonté de puissance. Il fallait écraser les autres ou se faire écraser.
Aujourd'hui, il s'agissait encore une fois d'écraser. Mais Ferenc n'était pas ici pour son intérêt propre. Mais finalement, avait-il déjà accompli quelque chose pour son intérêt propre ? L'intérêt de l'Ordre était celui de Darth Vemeris. Ces deux entités n'en formaient en fait qu'une seule. L'homme était l'Ordre, et l'Ordre était l'homme. Le Sith n'était pas lui-même conscient de ce fait, et cela le menait à considérer que la volonté de ses supérieurs était bien supérieure à tout ce qu'il aurait pu vouloir. Il avait bien sûr de fortes ambitions, mais il était aussi animé d'une loyauté sans faille pour l'Inquisition et cette loyauté lui avait permis de grimper les échelons sans trop rencontrer de résistance. En fait, peu le considéraient comme une réelle menace. La confiance qu'on lui avait accordé s'était donc traduite par une mission de la première importance.

Dans cette forêt, les arbres communiquaient d'une manière qui défiait l'imagination. La Force avait donné à ces végétaux une semi-intelligence qui avait naturellement provoqué la vénération des premières peuplades primitives de la planète et notamment des Ithoriens, qui étaient devenus l'espèce dominante. C'était en partie du fait des capacités surnaturelles de ces arbres que l'Inquisiteur se trouvait ici, envoyé par ordre exprès du Conseil Noir. Il entra dans une méditation profonde afin de créer un lien avec ces étranges arbres que l'on appelait arbres baffor et de pouvoir repérer ce qu'il cherchait, cette présence lumineuse qui trancherait avec la neutralité calme et puissante de la forêt dans la Force. Mais le tout était de repérer sans se faire repérer. La présence lumineuse serait aisément discernable, mais la présence obscure du Sith ne le serait pas moins. Darth Vemeris allait devoir puiser dans toute son expérience pour espérer échapper à la vigilance de l'individu qui était l'objet de sa mission. Il étendit donc sa toile obscure dans une large zone, afin de pouvoir discerner ce qu'il cherchait. Rapidement, son esprit effleura cette lumière convoitée et il tenta de rétracter sa toile aussi vite que possible, mais pas assez apparemment. Il sentit un soubresaut dans cette forme lumineuse. Il ne pouvait plus se permettre de perdre du temps.
Il s'élança vers l'endroit où il avait senti la présence. Il arriva rapidement dans une clairière où un petit abri de métal avait été installé, presque dissimulé sous les épais feuillages. Dehors, arme à la main, une silhouette encapuchonnée et vêtue d'une tunique élimée attendait, probablement la présence lumineuse qu'avait effleuré le Sith. Mais tout de suite, il sentit une deuxième présence à l'intérieur du bâtiment. Les informations des mercenaires étaient inexactes : il y avait là deux Jedi, un Chevalier et son Apprenti à première vue si l'on en croyait la moindre présence dans la Force du second individu. Ferenc ne prit pas la peine de dégainer son arme, et sa mission, si elle était parfaitement accomplie, ne devait pas mener à un combat. L'Inquisition n'avait pas toujours besoin de cela. La voix du Sith retentit, grave mais étonnamment empreinte d'une certaine douceur.

- Regarde-toi, Guérisseur Jedi. Voilà ce que l'Ordre fait de tes talents : te voilà condamné à passer ta vie au milieu de cette forêt dans des recherches certes passionnantes, mais seront-elles reconnues ? N'as-tu pas l'impression de faire tout cela en vain ? Et ne doutes pas de tes talents, si même l'Ordre Sith m'envoie s'intéresser à toi.
- Garde ta langue derrière tes dents, vipère. Tu me crois un padawan pour succomber à tes manigances ? Je ne suis pas une feuille qui se laisse ballotter par le vent, j'ai une volonté tout comme toi, celle de servir mon Ordre et la Force.
- La sers-tu ? Tu connais comme moi le conservatisme du Conseil Jedi depuis que l'Ordre existe et le peu de cas qu'il a toujours accordé aux nouvelles découvertes, aussi prometteuses soient-elles. Je t'en conjure, fais le choix de la raison. La Force ne te demande pas de te soumettre comme un esclave à d'autres soit-disant plus sages. La Force te demande de t'élever, et en t'élevant elle s'élèvera avec toi. Tes dons surnaturels ne doivent pas être gaspillés par la jalousie de ceux qui n'ont plus ni ton âge ni ton intelligence.

Un court instant, le Sith fut encouragé à continuer son discours en voyant une lueur d'hésitation s'allumer dans les yeux de ce Jedi qui ne devait pas être plus vieux que lui. Il se félicita lui-même d'avoir joué sur la fierté de ce Guérisseur qui devait attendre depuis longtemps sa nomination au grade de Maître. Tous les Jedi n'étaient pas ambitieux, et même la majorité ne l'étaient pas. Mais les scientifiques de tous bords ont toujours tendance à avoir une certaine opinion d'eux. Ce Jedi ne dérogeait pas à la règle, et l'intuition de Ferenc avait porté ses fruits. Mais alors que le Sith commençait à savourer sa victoire, sa concentration sur le seul Guérisseur l'empêcha de prévoir ce qui arriva.
Il vit une lame laser bleue traverser le thorax du Guérisseur. La surprise dans le regard de celui-ci, voir se matérialiser sur son visage la peur de la mort remua quelque chose en Darth Vemeris. Il ressentit en cet instant à quel point il n'était pas encore de pierre. La violence de la scène le déstabilisa complètement. Lorsque le corps sans vie s'effondra, il n'avait plus devant lui que la stupeur de l'Apprenti meurtrier qui ne parvenait pas lui-même à comprendre son geste, réaction normale pour un individu venant de basculer dans la Force. Les mots de Darth Vemeris avaient visiblement eu un effet plus que destructeur sur l'esprit du jeune Padawan. Celui-ci, les traits encore choqués de son acte, s'exprima d'une voix tremblotante, presque pleureuse. Il savait tout des expériences et des recherches sur les arbres baffor, il voulait devenir un Sith. D'abord, c'est la colère qui envahit le corps de Ferenc Senesca. Mais finalement, la mission n'avait pas totalement échoué même si la nouvelle recrue était plus instable et moins puissante que celle qu'aurait pu être le Guérisseur. Ce succès en demi-teinte affirmerait tout de même la position de Ferenc et de l'Ordre par dessus le marché. Le Sith commençait à prendre conscience que son heure était peut-être enfin venue, le pouvoir à portée de main.




5310 A.B.Y., Ziost

Ses pas légers bruissaient contre le marbre de l'immense couloir du quartier général de l'Inquisition Sith. Il connaissait cet endroit plus que bien, c'était devenu l'endroit dans lequel il se sentait le plus à l'aise. Il pouvait presque entendre les chuchotements des complots derrière les murs, l'ambiance lourde du meurtre et la peur de voir un ennemi derrière chaque colonne. Mais en réalité, ce qui aurait été insupportable pour la majorité des gens était agréable pour les Inquisiteurs. Ceux-ci devaient vivre au milieu du complot afin de pouvoir devenir des armes de propagande redoutables ou encore des traqueurs hors-pair. La vie même d'Inquisiteur, même dans ses moments les plus calmes, était une épreuve. Quand le danger n'était pas immédiat, là, en face de soi, il était présent et palpable par la seule tension que l'on ressentait partout. Darth Vemeris avait peur. Il avait peur chaque jour à chaque fois qu'il marchait quelque part, à chaque fois qu'il s'endormait dans ses appartements. Mais la peur était une chose utile pour un Sith : elle le rendait méfiant de tout, réactif, prêt à tout pour survivre. Celui qui n'avait pas peur ne vivait pas longtemps au sein de l'Ordre Sith. La peur, c'était souvent celle de perdre son pouvoir, car perdre son pouvoir était pire que mourir dans l'Ordre, car l'on était sûr de ne plus jamais le regagner. Il fallait lutter, lutter pour sa volonté de puissance, ne pas se soucier du bien-être des autres mais seulement apprendre comment leur existence pourrait servir votre ascension. Il ne fallait pas oublier les autres, car dans l'Espace Sith, ils étaient l'instrument de votre chute.
La faction de Darth Vemeris s'était construite avec méfiance, prudence, guidée elle aussi par la peur de la perte du pouvoir. Une erreur, et le château de cartes construit depuis ces longues années s'effondrerait et retournerait à la poussière. Mais plus le temps passait, plus les augures étaient bonnes. Senesca, après avoir "convaincu" par la force la jeune Zeltron de travailler pour lui, lui avait donné tous les détails du fonctionnement de l'Inquisition, des informations sur presque chacun de ses membres, les tendances idéologiques qui dominaient. Le risque était immense, mais le Contrôle de l'Esprit que Vemeris avait établi sur elle l'assurait de sa loyauté. Elle avait développé un réseau de propagande extrêmement performant, exploitant les dissensions et créant à Ferenc une visibilité certaine sur la scène politique de l'Ordre Sith. Mais la manœuvre était encore plus dangereuse dans le sens où Darth Strath, Jen'ari de l'Ordre Sith, ne tolérait aucune contestation. Depuis trois ans que la faction de Vemeris grandissait, jamais une critique du Seigneur Noir n'était sorti de son appareil de propagande. La dénonciation était celle des échecs de Darth Mortis, et seulement des siens. L'heure n'était pas arrivée de remettre en cause le pouvoir suprême, l'opposition n'était ni organisée ni assez puissante pour espérer faire quoi que ce soit. De plus, Darth Vemeris était plutôt favorable aux efforts de réorganisation de Darth Strath, tant que ceux-ci n'allaient pas trop loin.

Arrivé devant la lourde porte de métal qui permettait d'accéder aux appartements du Grand-Inquisiteur, Ferenc prit un instant pour penser. Darth Mortis était isolé et ses partisans avaient peu à peu désertés sa cause, convaincus d'abord par la propagande de Vemeris pour certains, d'autres ne l'ayant fait que parce qu'ils avaient senti le vent tourner en leur  défaveur. Rien ne comptait plus que leur place dans l'Inquisition et dans l'Ordre, et les appuis qui désertaient Mortis en entraînaient d'autres. Finalement, après trois années de luttes idéologiques, le Grand-Inquisiteur était terriblement seul, et ses derniers partisans étaient là, dans cette pièce, attendant le dernier combat. Senesca avait été convoqué par le Grand-Inquisiteur qui n'avait pas donné de raison particulière. Nul besoin puisque tous savaient que le vieil homme n'avait plus d'échappatoire politique et que seule la force lui restait pour se maintenir au pouvoir. Il fallait tuer Vemeris. Lorsque ce dernier entra dans la pièce, il prit rapidement le temps de l'observer afin de se mettre en condition.
Elle était spacieuse et très richement décorée. Sur les murs de marbres pendaient des draperies finement brodées représentants des scènes mythiques de l'Histoire de l'Ordre, d'autres portaient simplement le symbole de l'Ordre. Tout sentait la richesse ici, et Ferenc Senesca aimait la recherche esthétique. Le sol était lui aussi couvert de tapis aux couleurs sombres et aux arabesques rouges et mauves. On avait l'impression que ces motifs étaient imprégnés d'une magie ancienne et ramenaient l'observateur à des temps de légendes. Au fond de la pièce, un immense bureau qui servait au travail plus administratif du Grand-Inquisiteur. Dans le fauteuil près du bureau, Darth Mortis était assis, dans une posture pensive. Autour de lui, six Inquisiteurs observaient d'un regard méfiant le nouvel arrivant.

- Croyez-vous au destin ? Pensez-vous que la Force nous a tracé un chemin à notre naissance ? Et que nous ne pouvons nous en écarter ?
- La Force guide chacun de nous, et nous ne pouvons que la suivre, autant que faire se peut.
- Je fais partie de ceux qui pensent qu'un homme peut choisir son destin. Et c'est pourquoi vous savez que l'un de nous va mourir aujourd'hui. Votre habileté politique vous a ouvert la voie jusqu'ici, mais c'est maintenant que tout se joue.
- En vérité, tout est déjà joué, mon ami.

Tout se passa en un instant. Alors que deux Inquisiteurs dégainaient leurs sabres, ils furent immédiatement transpercés au thorax par deux autres d'entre eux. Les deux Inquisiteurs les plus proches plantèrent profondément leurs lames dans le corps de Darth Mortis. Ils le frappèrent de coups répétés, son corps tombant de son siège, comme une vulgaire poupée. Une fraction de seconde, et le chaos avait été total, la trahison sanglante. Senesca n'avait pas bougé de là où il se tenait et avait gardé le visage impassible. Il n'aurait eu aucune chance dans un face-à-face avec le Grand-Inquisiteur, qui avait toujours eu un talent certain au maniement du sabre. Il avait dû recourir à ce qu'il savait faire de mieux : la stratégie politique alliée à une théâtralité qui renforçait la puissance de ses actions. Mortis s'était tellement préparé à un combat contre Vemeris qu'il en avait oublié ce qui l'entourait. Il avait perdu cette méfiance si élémentaire dans l'Ordre Sith, il avait oublié les autres. Or c'était toujours les autres qui provoquaient la chute.